L'Inventaire du patrimoine géologique

Qu'est-ce que la géodiversité ?

La définition retenue pour la géodiversité est empruntée à Sharples (SHARPLES, 1995) : elle représente l'ensemble des éléments des sous-sols, sols et paysages qui, assemblés les uns aux autres, constituent des systèmes organisés, issus de processus géologiques. Cela concerne autant les phénomènes passés de la Terre (traces de vie, d'écosystèmes et d'environnements), observables dans les sous-sols, sols et paysages, que les phénomènes courants actuels (biologiques, climatiques, atmosphériques) qui agissent sur ces mêmes sous-sols, sols et paysages (EBERHARD, 1997).
La conception humaine de la nature s'est, jusqu'ici, très souvent limitée aux éléments vivants (faune et flore), aux habitats et milieux naturels. Les éléments géologiques, minéraux - éléments non vivants – n'étaient pas ou peu considérés. Pourtant, la liaison entre géosystèmes et écosystèmes est une évidence : les écosystèmes actuels ne sont que la dernière image d'un film que le géologue cherche à restituer. L'environnement géologique et l'histoire de la Terre fournissent des indices qui permettent de comprendre l'évolution de la vie et de la biodiversité actuelle.
Contrairement aux espèces biologiques, les objets géologiques ne se reproduisent pas et la détérioration d'un objet, d'un site entraîne sa perte définitive : conservation et protection ne sont plus à considérer comme anodines. La préservation, comme la mise en valeur de certains sites apparaît particulièrement pertinente, lorsqu'elle permet d'apporter une valeur ajoutée à la compréhension ou à la conservation de la diversité naturelle environnante.
La notion de géodiversité s'est lentement imposée dans certains programmes internationaux pour la sauvegarde du patrimoine, en tant qu'entité à part entière. Plusieurs initiatives se relaient aujourd'hui sur la scène internationale, européenne ou française pour faire reconnaître concrètement le concept.

Qu'est-ce que le patrimoine géologique ?

L'expression "patrimoine géologique" considère tous les objets (patrimoine ex situ) et sites (patrimoine in situ) relatifs aux disciplines des Sciences de la Terre. Tous ces objets et sites étant à replacer dans leur cadre naturel, ils peuvent représenter un ou plusieurs phénomène(s) géologique(s). Le terme géologie est à prendre dans son acception large. Il inclut la paléontologie, la minéralogie, la tectonique, la sédimentologie...
En outre, aujourd'hui, il s'agit non seulement d'observer, de décrire, d'inventorier les différentes composantes du patrimoine géologique, mais aussi de chercher à comprendre le fonctionnement de l'ensemble du système.

Les dimensions socio-économique et socio-culturelle de la géodiversité

Il est indispensable de considérer la géologie dans ses rapports avec la nature, la culture et l'histoire avec lesquelles elle interagit continuellement. L'homme désire comprendre l'environnement géographique, naturel et socio-économique dans lequel il évolue. Cette prise de conscience nécessite le passage par une approche géologique.
L'Histoire de l'homme et des sociétés, de même que celles de la faune et de la flore, sont irrémédiablement liées à l'Histoire de la planète. L'évolution des paysages et la splendeur de certains d'entre eux sont une conséquence de processus géologiques et géomorphologiques ; les pratiques agricoles et commerciales ainsi que les industries anciennes sont dépendantes de la nature du sol et du sous-sol ; les matériaux de construction sont représentatifs des ressources locales…
On assiste à une intégration de plus en plus grande de la géologie dans les problèmes de société actuels, surtout si on raisonne dans une perspective de développement durable : recherche de ressources naturelles (matières premières, énergie, eau) ; compréhension et prévention des risques naturels ; problèmes de pollution de l'atmosphère, des sols et des nappes ; changement climatique, rôle de l'homme dans l'évolution de son environnement…

Elaboration de l'inventaire.

Le but étant de réaliser un inventaire cohérent sur tout le territoire français, l'élaboration d'une méthodologie commune a été nécessaire pour assurer une harmonisation du travail. Pour le patrimoine géologique, l'ensemble des étapes a été discuté, expérimenté et validé par la Conférence Permanente du Patrimoine Géologique (CPPG), instance de réflexion créée par Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD) et qui comprend : le MNHN, le BRGM, la SGF, des Musées de France, RNF, FFAMP et deux experts.
Ce travail a conduit à la publication, en 2006, du « Vade-mecum pour l'inventaire du Patrimoine géologique national » qui décrit la méthodologie retenue pour la réalisation de cet inventaire.
La collecte de l'information est réalisée au niveau régional ; la saisie se fait sur un logiciel développé spécifiquement, GEOTOPE. Le vade-mecum, le logiciel et son guide technique sont regroupés sur un CD-Rom, fourni gratuitement par les DIREN, à la seule condition que les fournisseurs de données les reversent aux DIREN.
Après validation régionale par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN), les données sont transmises pour validation nationale par le MNHN, qui a choisi de s'appuyer sur une Commission nationale.
Les DIREN sont maîtres d'œuvre de l'inventaire, elles s'appuient sur un secrétariat scientifique et sur un CSRPN. Une Commission Régionale du Patrimoine Géologique, dirigée par un coordonnateur scientifique géologue, peut être mise en place pour organiser et piloter cet inventaire du patrimoine géologique. Les observations sont transmises par l'ensemble du réseau géologique : professionnels, amateurs, associations et sociétés savantes.
Cet inventaire constitue l'inventaire scientifique préliminaire à la désignation des Zones de Protection Le MEDD est commanditaire de cet inventaire, il coordonne les DIREN et le MNHN dans ce sens et apporte un soutien financier pour le fonctionnement de ce programme.


Source: MNHN/SPN